Mesdames, messieurs les producteurs de C dans l'air,
L'émission C dans l'air, sur la Cinq, le 27 mai 2004, était titrée « Dans l'enfer de Rafah ». Elle s'appuyait sur des reportages montrant les destructions de maisons dans la bande de Gaza et la violence de l'armée israélienne. Conformément au principe habituel, le plateau réunissait quatre intervenants, deux pour, deux contre. Ce qui veut dire que s'ils ne voulaient pas participer à la curée générale, les deux défenseurs d'Israël étaient mis en demeure de justifier l'opération. Ce à quoi ils se sont livrés, mais probablement sans retirer tous les honneurs que leur témérité aurait dû leur valoir.
Choisir de faire une émission au sujet d'une opération militaire extrêmement controversée et placer face à face deux équipes supposées défendre chacune un point de vue opposé, c'est déjà jeter un regard accusateur sur l'intervention israélienne. Il aurait fallu dès le départ élargir le sujet et parler des événements qui ont précédé et préparé le terrain pour cette intervention militaire, en particulier l'onde de choc qui a traversé la société israélienne la semaine précédente, à la vue des morceaux de cadavres de soldats israéliens exhibés à la télévision par des combattants palestiniens et le meurtre de 3 enfants israéliens devant leur mère, suivi du meurtre de cette dernière, enceinte de 8 mois. Les défenseurs d'Israël, lorsqu'ils ont voulu évoquer ces événements, ont été rappelés à l'ordre : on est ici pour parler de Rafah !
Aborder la question de Rafah sous l'angle d'un engrenage mortifère aurait pourtant permis de placer l'opération dans son contexte. Ou alors, il aurait fallu faire une émission la semaine précédente sur les conséquences désastreuses qu'allaient immanquablement causer les actes de barbarie commis. Comme par hasard, cette émission n'a pas eu lieu.
Dès lors, les deux défenseurs d'Israël sont apparus comme les supporters aveugles de la politique du gouvernement israélien, ce qu'ils ne sont pas forcément. Mais ils n'avaient pas le choix. Ils sont tombés dans un piège, tendu, probablement inconsciemment, par les responsables de l'émission, qui ont montré malgré eux, à quel point, eux aussi, adorent détester Sharon.
Il y a des moments où il faut savoir dire non aux propositions des médias afin de les placer devant leur responsabilité.
Alain Nerot
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